Mon corps, mon oeuvre d'art

Née en 1946 en ex-Yougoslavie, Marina Abramovic s'est fait connaître grâce à ses performances tour à tour crues ou plus abstraites, mais qui toutes font écho à l’histoire de son pays et de sa famille. Sigalit Landau, qui a vu le jour à Jérusalem en 1969, dans une famille profondément marquée par l’Holocauste, affronte les blessures de son enfance et la brutalité de son service militaire à travers des installations qui, elles aussi, questionnent la trajectoire de son pays. Katharina Sieverding, de son côté, s’exprime par la photographie. Née en 1942 à Prague de parents allemands, celle qui a connu l’exil à la fin de la Seconde Guerre mondiale s’empare de thèmes tels que la violence et l’exclusion au travers de ses clichés. Enfin, l’Iranienne Shirin Neshat, qui a fui son pays à 22 ans, à la chute du Chah, juxtapose les contraires dans ses portraits de femmes : masculinité et féminité, place du corps féminin dans les croyances religieuses… "Quel que soit le gouvernement politique, les femmes deviennent un champ de bataille idéologique", dit-elle.

Intime et politique 
En croisant les propos, les œuvres et les récits de vie de ces quatre artistes, Evelyn Schels met en lumière, au-delà des différences de parcours et d’approche, ce qu'elles ont de profondément commun : à travers la mise en scène de leur corps, toutes interrogent leur vécu au sein de la société et de l’espace politique, en tentant d’esquisser de nouvelles perspectives.