Echoes with Jehnny BethBaxter Dury, Wet Leg, Geese

Des espoirs biberonnant aux meilleurs sons qui font chavirer les corps, une révélation du rock hérissée et indocile à la new-yorkaise, un outsider inclassable et excentrique... : ce soir, Jehnny Beth offre au public de la salle du Yoyo Club, au Palais de Tokyo, un plateau particulièrement relevé. Rhian Teasdale et Hester Chambers, les deux meneuses anglaises de Wet Leg, ont puisé dans leurs passions pour la disco française, Björk, les Ronettes ou Jane Birkin pour réussir la greffe d’une musique dansante et affranchie. Nimbées d’une fausse candeur, leurs chansons pop se révèlent futées et diablement entraînantes, une contagion en marche qui draine déjà son lot de fans enamourés. Toujours dans une veine postadolescente, mais plus sombre et torturée, Geese fait éclater l’orage d’une frustration latente par l’électricité de ses guitares frondeuses. Souvent comparé aux Talking Heads et surtout aux Strokes (notamment pour le chant faussement traînant de leur leader Cameron Winter), le gang de Brooklyn, en qui beaucoup voient la relève du rock new-yorkais post-punk, ne s’interdit pas les échappées en apesanteur dans le rock progressif. Avec Baxter Dury, c’est un autre monde qui s’ouvre : la pop britannique classieuse aux accents décadents. Car le célèbre dandy au regard de chien battu surprend son monde avec son survète et son nouvel album The Night Chancers, que le fils du mythique rockeur Ian Dury présente en France pour la première fois. Avec cette collection de morceaux atmosphériques inspirée par l’univers du cinéma, il conte plus qu’il ne chante, dans un talk over séducteur qui sait laisser la part belle à la chanteuse Madeleine Hart. Sur scène, entre rythmes discoïdes et éclats électro, son numéro de crooner débauché s’avère truffé d’humour goguenard. Irrésistible. Les performances des trois groupes sont entrecoupées des propos extraits d’une discussion à bâtons rompus sur leur identité artistique, recueillis par Jennhy Beth à l’issue des trois concerts.