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Francisca
161 min
Disponible jusqu'au 01/09/2025
Dans les années 1850, au Portugal, un écrivain et son ami s'éprennent de deux sœurs anglaises. Dernier volet de la "tétralogie des amours frustrées", ainsi qu’Oliveira a baptisé une série de quatre films où s’expérimente et se théorise le sentiment amoureux, "Francisca" est l’une des œuvres majeures du cinéaste portugais.
Portugal, dans les années 1850. L'écrivain Camilo Castelo Branco, grand nom de la littérature lusophone, et son ami José Augusto s’entichent des deux filles d’un officier anglais, Marie et Fanny "Francisca" Owen. Or leurs préférences respectives ne correspondent pas aux transports de ces dames, Fanny n’ayant d’yeux que pour José Augusto quand c’est Camilo qui la convoite. Le romancier voit son camarade enlever la demoiselle, puis la délaisser, ses sentiments s’étant évanouis. Fanny se laisse alors dépérir…
Fresque baroque
Présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 1981, ce film-fleuve puise sa trame dans le roman Fanny Owen (1979) de l’immense écrivaine Agustina Bessa-Luís. Manoel de Oliveira adaptera d’ailleurs plusieurs œuvres de sa compatriote, dont l’intérêt pour la condition sociale et l’histoire de leur peuple trouve naturellement un écho chez lui. Car, à travers cette peinture – littéralement, le film donnant l’effet d’un enchaînement de tableaux sublimes – des errances amoureuses de deux dandys lettrés, le cinéaste portugais fait également le portrait d’une époque où le romantisme semble connaître ses derniers instants. Éternellement pris dans des réflexions intenses sur l’amour et la vertu, accompagnées de références à Lord Byron, auquel ils vouent un culte, Camilo, José Augusto et leur boys’ club paraissent considérer l’amour comme un exercice de l’esprit plus que comme un mouvement du cœur. Et Manoel de Oliveira de l’illustrer avec des plans d’une immobilité sidérante, cadre rigide où les personnages expriment les grandes tempêtes de l’esprit sans le moindre geste et avec une absence dans le regard. Cette austérité dans la mise en scène, comme dans la linéarité du récit – que ponctuent des cartons reprenant des extraits du roman –, se trouve ça et là secouée par une étrangeté loufoque et par l’adresse surprenante au spectateur qu’opèrent les personnages à plusieurs reprises. "Parviendrons-nous à nous extraire de l’artifice ?", semblent nous dire du regard Camilo, Fanny et José Augusto. Fresque baroque où s’évanouissent de lointains rêves de paradis, Francisca pose un regard intransigeant sur la fin d’un monde… où plus personne ne se regarde.
> Francisca (1981) est le dernier volet de la "tétralogie des amours frustrées", composée également de Le passé et le présent (1972), Benilde ou la Vierge mère (1975) et Amour de perdition (1979).
Avec
Teresa Meneses
Diogo Doria
Mario Barroso
Réalisation
Manoel De Oliveira
Pays
Portugal
Année
1981