Pile ou face

À Bordeaux, une femme qui vient de se disputer avec son mari tombe par la fenêtre de son immeuble. Persuadé de la culpabilité du veuf, qu’il soupçonne d’avoir une maîtresse dans le bâtiment d’en face, l’inspecteur Baroni le harcèle jour et nuit. Dans le même temps, un scandale éclate, mêlant la jeunesse dorée de la ville aux trafiquants de drogue. La police est sur les dents...

Secrets partagés
“Petit à petit, la politique nous a mis le grappin dessus. Et du service de l’État, on est passé au service du pouvoir. À force de faire de sales trucs, on est devenus de sales flics.” Yeux de chien battu et tirades désabusées, l’inspecteur Baroni (Philippe Noiret, souverain) incarne le désenchantement des années 1970 finissantes dans ce drame psychologique aux personnages enclavés entre une banlieue grise et un port humide d’où l'on semble ne jamais pouvoir partir. Tout est joué d’avance dans ce Bordeaux bourgeois où la préservation des puissants prime sur l’idée même de justice. Mari tyrannisé et veuf maussade, Michel Serrault – plus intrigant que jamais – apparaît comme la figure des désillusions de l’amour-carcan, ce fossoyeur des rêves de liberté. Robert Enrico orchestre un fascinant jeu du chat et de la souris entre les deux monstres sacrés, dont chacun paraît avoir dénoué les secrets de l’autre au premier regard. De cette relation ambiguë qui s’affûte au fil de l’intrigue, le cinéaste du Vieux fusil tire un petit bijou d’humour noir, serti par les dialogues aiguisés de Michel Audiard.