Innocence

Dans un mystérieux pensionnat de jeunes filles, situé au cœur d’une forêt, Iris, 5 ans, fait son entrée couchée et nue, dans un cercueil. Ses camarades la vêtent d’un chemisier et d’une jupette et disposent un ruban de couleur dans ses cheveux, signe qui permet de trier les pensionnaires selon leur âge. Tandis que la réclusion exacerbe amitiés et inimitiés, l’éducation, très stricte, est rythmée par une pendule d'où jaillissent régulièrement Madeleine, la gouvernante, Édith, la professeure de biologie, et Éva, qui enseigne la danse. À leurs risques et périls, certaines enfants se rebiffent contre l’ordre établi…

Conte fantastique
Inspiré de Mine-Haha – De l’éducation corporelle des jeunes filles, roman du dramaturge et poète allemand Frank Wedekind, publié en 1903, Innocence en restitue l’énigmatique et envoûtante beauté. Pour son premier long métrage, Lucile Hadzihalilovic choisit de signer un conte fantastique nimbé de symbolisme à l’esthétique soignée, doublé d’un film sur le passage à l’âge adulte et l’éveil à la sensualité des jeunes filles. Celles qui échouent à s’échapper ne seront libérées qu’à leurs premières règles, prêtes à devenir des épouses modèles. Sur cette trame, la cinéaste interroge avec finesse, à travers une mise en scène sobre, les fondements des sociétés patriarcales. Dans l’un de ses premiers rôles, Marion Cotillard y incarne avec intensité une professeure de danse oscillant entre douceur et répression.