Chostakovitch : Lady Macbeth de Mzensk

Dans la Russie profonde du XIXe siècle, Katerina Ismaïlova mène une existence monotone au côté de son mari Zinovi, fils d’un riche marchand. Alors que celui-ci est en voyage, elle entame une liaison avec Sergueï, qui vient d’être engagé dans la maison et feint les sentiments les plus enflammés à son égard. Mais les deux amants sont surpris par le beau-père de Katerina et l’assassinent. Quelques semaines plus tard, c’est au tour du mari, rentré un jour plus tôt que prévu, de découvrir l’infidélité de sa femme. Katerina et Sergueï le tuent également et cachent son cadavre, avant d’organiser leur mariage… 
 
L'émancipation par le crime 
Tiré d’une nouvelle de Nikolaï Leskov (elle-même inspirée d’un fait divers), le livret signé Alexandre Preis fait écho au Macbeth de Shakespeare, par la propension de l’héroïne à faire appel au crime pour assouvir ses désirs, mais aussi à Madame Bovary, le roman de Flaubert publié quelques années auparavant. Dimitri Chostakovitch s’empare de ce récit avec l’idée de composer une trilogie retraçant l’oppression puis l’émancipation des femmes avant, pendant et après la révolution de 1917. Il s’en tiendra finalement à ce premier opus, immédiatement censuré par Staline, qui juge sa musique décadente et dégénérée. À la Scala de Milan, ce monument de l’art lyrique russe inaugure la saison dans une nouvelle production confiée au jeune metteur en scène Vasily Barkhatov. Le directeur musical des lieux, Riccardo Chailly, guide quant à lui instrumentistes et chanteurs, dont la soprano américaine Sara Jakubiak dans le rôle-titre.